AAAAHHH, que serait la vie sans un
petit passage au Paul en poils ? je vous le demande ! Et je vous
réponds, parce qu’on n’a pas de temps à perdre. Eh bien la vie sans le Pôle
Emploi, c’est un peu comme un été sans nuage, une victoire sans combat, une
princesse sans dragon : sur le principe ce serait l’idéal, mais finalement
c’est tellement plus intéressant avec ! Cela permet le suspense,
l’attente, l’angoisse, tant de souffrances nécessaires qui rendent savoureuse
la récompense !
« A vaincre sans péril, on
triomphe sans gloire » comme dirait l’autre (mais si, l’autre là). Enfin,
je ne sais pas si ces gens qui faisaient la queue au Paul M’Ploi cherchaient la
gloire, en tout cas, le péril ils le voient de près.
Souhaitant être éPôlée dans ma quête
administrative pour un changement de statut, je me suis rendue, ce jour, en une
antenne proche. Bien m’en prit d’y aller tôt ; l’attente fut réduite pour
exposer mon problème. Le lieu était alors calme, presque serein, une vraie
administration, où ça va doucement mais avec le sourire. L’aventure commence à
partir de mon point d’interrogation et de la réponse franche et amicale :
- Y’a-t-il une démarche spécifique
lorsque l’on est auto-entrepreneur ?
- Oui. Votre identifiant s’il vous
plaît ? (mais je ne suis paaas un
numéroooo) Très bien, asseyez-vous on va vous recevoir.
Et…BOUM c’est parti pour plus d’une
heure d’observation de spécimens chômeurs de toute sorte. Oui, parce qu’a
priori ils n’ont rien en commun : jeunes, vieux, hommes, femmes, clairs,
cafés au lait, franchement noirs, jolie blonde, gros brun, apprêté ou
franchement négligé, de tout je vous dis. Le seul dénominateur commun, c’est
que pas un seul n’a l’air vraiment ravi d’être là. Superbe échantillon pour
un comédien qui bosse sur l’émotion, voici donc tous les degrés de la
tristesse qui font la queue devant ce petit comptoir : on part du carrément dépressif et désespéré, on passe par le type pour qui tout va ni
bien ni mal normalement, et qui là commence à être inquiet, puis voici une jeune
fille bien propre sur elle, visiblement agacée et un peu honteuse va savoir
pourquoi, et enfin l’habitué, le blasé, écouteurs dans les oreilles, livre à la
main, il n’attend visiblement pas grand chose de son passage ici, mais il a l'habitude. Il serait sans doute intéressant de comparer le nombre de jours de
chômage de tous ces braves gens avec la tronche qu’ils font en arrivant ici.
Bref, mon esprit divague mais en gros
voilà ce que j’ai pu observer dans ce microcosme :
- la mode est visiblement aux
ballerines,
- 2 personnes se sont battues pour un
ordinateur,
- j’ai vu une vingtaine de personnes
attendre, poser une question, et repartir (la faute aux "gens" pas doués ou au
site mal fait ?)
- une dame cherchait un studio à
louer,
- mais en fait c’était la même dame
qui voulait se battre pour défendre son écran, elle cherchait visiblement un
studio à louer sur le site Pole Emploi,
- une autre dame, d’un certain âge,
veste rouge molletonnée en velours et jupe longue léopard bleu, a essayé tous
les ordinateurs, espérant sans doute trouver des annonces différentes à chaque
fois,
- encore ces visages tendus, fermés,
inquiets,
- les cheveux gras c’est quand même
moche,
- mais bon sang qu’est-ce qu’ils
foutent avec ces photocopies ? Les portes s’ouvrent, les conseillers en
sortent, des photocopies de pièce d’identité à la main, et vont d’un pas assuré
dans un autre bureau, et rentrent, et sortent…
- un monsieur est énervé depuis qu’il
est entré, ça se voit, il piétine et s’énerve lorsque l’on s’occupe de lui, un
autre est arrivé serein et s’énerve une fois devant la conseillère, au moins il
s’est économisé 15min de piétinement nerveux.
Et enfin, ce petit bout de
conversation entre deux conseillères :
- pourquoi y’a autant de monde
là ?
- j’sais pas, sûrement parce que c’est
les vacances demain (ndlr : mouais
si vous le dites)
- (dans un soupir) Eh ben en tout cas,
nous, on chôme pas.
Allez, je vous épargne les bribes
d’entretien entendues de-ci de-là pendant que je regardais la gentille
demoiselle cliquer partout sur mon dossier, mais sachez juste que le fait
d’avoir 25 ans et de savoir nager peut visiblement vous ouvrir les portes de
l’emploi !
Enfin, quelle ne fut pas ma surprise,
en sortant de mon rendez-vous, de trouver le hall archi-plein, la queue débordant
de toute part, je partis ils étaient pas cinq cents et par un sale renfort, je
les vis bien trois mille en arrivant dehors !
Lieu
d’observation idéal de l’espèce humaine, triste rencontre avec un contexte
économique pourri, je vous conseille le Pôle Emploi pour vos sorties scolaires
et vos études sociologiques. Allez-y ça vaut le coup, de mon côté je n’y vais
pas plus d’une fois par trimestre, il me faut des jours pour me remettre de
toute cette tristesse.
Va, je ne te hais point cher Pôle, et
j’ai besoin de toi…
(et visiblement je ne suis pas la
seule )
Les dessins ci-dessous expriment précisément mon aventure, et viennent de ce blog :
http://mabananeetblablabla.com/2012/01/16/pole-emploi-mon-amour/