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vendredi 19 juillet 2013

Fais nous rire petite comique



Tous les comédiens ont sans doute vécu cette situation un jour. Ou du moins si ce n'est pas le cas, qu'ils témoignent solennellement et j'en déduirai que c'est mon entourage qui a un problème.
Généralement ce ne sont pas les gens que vous connaissez très très bien et que vous voyez au quotidien. Nooon, ce serait plutôt le cousin éloigné, le pote de pote que vous croisez en soirée, le nouveau petit ami de votre tante...ce genre de lien. 
"- Salut, moi c'est Audrey,
- Ah Audrey ! c'est toi qui es comédienne ?
- Oui oui c'est ça, et toi c'est Marc c'est ça ?
- Tu es plutôt quel genre ?
- ?
- Bah tu joues au cinéma ou au théâtre, le drame ou des comédies ?
- ... -_- ça dépend, pour l'instant c'est surtout théâtre, de l'impro essentiellement, tu connais ?
- ah ouaiiiiiis (le ouaiiiiiiis traine toujours un peu le temps qu'ils cherchent, on sent que la définition est floue mais on s'en fout, car le meilleur moyen d'échapper à une conversation a priori barbante sur le théâtre c'est : )....tu peux m'improviser un truc là ?
- euh...
- allez vas-y, je suis sûr que c'est plutôt l'humour ton truc, vas-y, tu fais comme chez Ruquier, fais moi un sketche !
- bin...c'est-à-dire que je suis en train de prendre l'aper....
- Hey Christine, viens-voir, c'est la comédienne, elle va nous jouer un truc !"

Pourquoi, non sérieusement POURQUOI infliger ça à quelqu'un que vous êtes censé bien aimer, ou du moins que vous venez de rencontrer et n'est-on pas censé être agréable avec une nouvelle rencontre ? 

Les comédiens ne sont pas les seuls touchés ceci dit. Certaines professions ont ce même inconvénient. J'ai un ami médecin par exemple, qui lorsqu'il est invité à une fête de non-médecins (détail important), passe une partie de sa soirée à faire des diagnostic, à tâter une boule sous le genou, une plaque rouge sous les aisselles ou à faire tirer la langue autour de lui. Si vous voyez quelqu'un se faire tirer la langue toute la soirée, ce n'est pas le mec que tout le monde déteste, c'est le médecin !
Les avocats aussi répondent à des questions aussi intéressantes que "mon voisin m'emmerde avec son peuplier qui me fait de l'ombre, j'ai le droit de le couper? ou de l'attaquer ?" ou simplement "c'est vrai que 80% des mariages finissent en divorces ?" (pour les pessimistes) ou "alors vous avez commencé les divorces gays?" (pour les comiques). 

Remarquez, ça lance la conversation. Quand j'étais consultante et qu'on me demandait ce que je faisais, la réponse tombait à plat.
"- Et toi tu fais quoi ?
- Je suis consultante.
- Ah "
 (comprenez : je ne sais pas ce que c'est et je m'en fous OU je sais ce que c'est et ça ne m'intéresse pas OU j'ai posé la question par politesse mais je n'ai même pas écouté la réponse).
Je suis dure, il y en avait parfois pour dire "ah tu bosses dans le conseil ? tu me conseilles quoi ? mouarf mouarf mouarf" ce qui était nettement plus drôle il faut l'admettre.

Bref, je ne comprends pas ce que signifie "comédien/ne" dans l'imaginaire des gens. A priori c'est une sorte de troubadour, qui a toujours une histoire drôle dans sa besace, connait plein de monologues, et transporte un costume de Molière dans son sac constamment. 
Oui certains connaissent des histoires drôles, mais Jean-Pierre de la compta, il en connait aussi plein et il est pas comédien ok ?
Je veux dire, est-ce que vous vous imaginez demander à quelqu'un qui bosse en RH de vous faire passer un entretien ? A un contrôleur de gestion de vous calculer le coût de la main d'oeuvre par lardon de la quiche que vous avez gentiment apporté à la soirée ? 

Je vous promets que la prochaine fois qu'on me demande de faire un sketch j'amène mes potes qui bossent aux impôts avec moi...ou alors je renvoie la question et je vois où ça me mène !

lundi 15 juillet 2013

Petite explication : "je fais quoi"

Récemment, je suis allée au cinéma voir Frances HA. L'histoire est simple et n'ira pas sans vous rappeler quelqu'un. C'est donc l'histoire d'une fille, qui a 27 ans, elle vit en coloc' avec sa meilleure amie à New York, et elle donne des cours de danse aux enfants dans une école, tout en étant apprenti dans la compagnie de danse de cette école (compagnie plus ou moins prestigieuse). Elle veut être chorégraphe et vivote comme-ci comme-ça dans un quotidien drôle et simple. Vous commencez à voir où je veux en venir ?
Bon, ok, je me suis légèrement identifiée au personnage de Frances, notamment pour cette réplique a-bso-lu-ment savoureuse (et en plus je vous ai laissé la fin de la bande-annonce pour vous faire plaisir ) :



Deux problèmes se posent : d'abord je n'arrive pas à dire que je suis comédienne. Enfin...disons que maintenant je commence à y arriver mais je serre les dents en espérant que la question suivante ne sera pas "et tu joues dans quoi en ce moment ?" Car dans un esprit simple comme le mien, si on ne peut pas répondre à cette question, c'est tout simplement que l'on n'est PAS comédien. (ça ne vous dérange pas si je m'allonge pendant que je vous parle, tiens je vois un sofa dans un coin, oui oui je suis d'accord avec vous on va partir de la petite enfance...).
DONC, disais-je, il y a deux problèmes : UN - j'ai du mal à dire que je suis comédienne, DEUX - même si je le dis ça ne vous avance pas trop quant à ce que je fais de ma journée...

Alors, je préfère vous mettre à l'aise tout de suite, si vous m'imaginez trainant la journée dans les cafés et regardant des films, lisant des bouquins, griffonnant sur des cahiers...il y a effectivement un peu de ça.
En fait selon le profil du comédien, les activités sont variables, il y a les répétitions, les spectacles, les tournages, les cours que l'on prend et que l'on donne, monter des projets, rencontrer des gens...et le reste du temps écrire et observer.
Et oui, quand vous avez l'impression que l'on glande à la terrasse d'un café, parfois on travaille ! (et parfois on glande pour de vrai). Seulement ce n'est pas un travail évident, parce que pour beaucoup, vivre et observer ce n'est pas faire quelque chose. Donc ce n'est pas travailler. Eh bien pour un comédien, un vrai, vivre fait partie du travail. On apprend beaucoup plus en écoutant les tables voisines dans un café qu'en apprenant par coeur des théories sur l'acteur. Bien sur, tout est bon pour apprendre, et les théories aussi. Mais saisir une conversation  croustillante, écouter une rupture par téléphone, observer comment les gens rient, regardent, vivent, pour un comédien c'est essentiel.
Voilà, je pourrais développer des plombes sur l'émotion qui est l'instrument de l'acteur quand le cerveau est celui du manager et sur l'utilité de l'écoute dans la société...mais ça vous ennuierait alors je vais faire simple. Je vous préviens, quand vous allez lire la synthèse de ma réponse vous allez vous sentir floués. Pas grave j'assume, il fallait pas poser la question c'est tout.
Qu'est-ce que je fais de mes journées, moi Audrey comédienne ? Je vis, je me regarde vivre et je regarde les autres vivre. BOUM. Si ça c'est pas de l'argumentaire de saltimbanque hein ? Une belle façon de tout et rien dire.
C'est une grande vérité que je vais vous laisser méditer, et je rajouterai que si ensuite toutes ces observations sont mises en pratiques dans le jeu et l'écriture, c'est bien là la baaaase de ma vie.
OOOHHH mais ne croyez pas que ce soit toujours de tout repos. Bien au contraire. Car il y a TOUJOURS quelqu'un à écouter et à observer. On n'a jamais fini de vivre, enfin...si mais à ce moment-là je n'aurai plus ni l'envie ni le besoin de progresser je pense.

Ah, je vous vois venir, maintenant vous allez flipper, vous allez vous sentir observés et avoir peur de vous retrouver dans un spectacle, de devenir un personnage. Je ne vous mentirai pas, il y a un peu de vous tous à chaque fois  que j'improvise. Mais c'est pour ça que le théâtre plait ! Si ce n'était pas de vrais personnages, des personnages vrais, quel intérêt ? Alors ne soyez pas surpris de tous ces troubadours inutiles qui passent leur vie en terrasse. Ils sont en plein boulot !!!

vendredi 5 juillet 2013

L'épreuve du photographe

"Mais ce n'est pas possiiiiible ! j'ai rien à me mettre !!! "
Je vous le promets, je vous le jure, je vous donne ma parole, je n'ai jamais dit ça dans d'autres circonstances, et c'était la première fois. Alors je refuse tout jugement hâtif. 
Et en plus c'était vraiment de la panique, pas un caprice. 
Même ceux qui ne font pas partie du monde du spectacle le savent, le book photo est un élément indispensable à toute activité artistique. Je dirais même à toute existence artistique. Sans book, on n'existe même pas comme comédien. Et malheureusement le book est censé justement vous résumer mais pas vraiment parce qu'il ne faut pas non plus faire de vagues. Une lumière trop intense au fond de l'oeil : tu as cherché à faire ta maligne. Un regard hors champs : ça ne se fait pas. Une lèvre pâlichonne : ça fait malade. Un maquillage trop forcé : c'est simplement vulgaire. Une pose originale : trop original. Le menton relevé : hautaine. Le menton baissé : risque de double menton. maaaaiiiiiiiiiiiiiissssss 
Quand en plus on n'est pas fan de se faire prendre en photo, l'exercice s'avère purement et simplement un moment de TORTURE. 
Mais heureusement, il y a des photographes gentils et bienveillants, et surtout qui connaissent bien leur métier. Donc, quand je suis arrivée avec mon sac-à-dos plein des quelques trucs de mon placard qui n'étaient ni délavés ni mal coupés, ni simplement sales (l'anticipation n'a jamais été mon truc); le gentil photographe a réussi à me mettre à peu près à l'aise et à trouver des fringues pour me mettre en valeur (j'ai failli l'emmener faire du shopping avec moi du coup). Et là commencent les essais, la même pose en 15 versions, le même regard avec 3 tenues différentes. Essayer de ne pas être un morceau de bois mais sans en faire trop. 
Baisse le menton mais pas la tête, regarde moi mais en regardant à travers, montre tes dents, non pas comme ça, souris je veux dire. c'est super (mais le fait qu'il change d'objectif et me tourne autour dit tout le contraire), tu as une mèche dans ta nuque qui dépasse (ça tombe bien j'ai des yeux derrière la tête et je vois de laquelle tu parles là), respire (c'est peut-être pour ça que je ne sens plus mon corps, je suis en apnée depuis 10 minutes), tourne moi le dos et retourne toi, tourne la tête mais pas les yeux, tourne la tête mais pas les yeux...MAIS SOIS BELLE BON SANG !!! 
Bon ok, ça c'est moi qui le rajoute. Et pour certains, se faire prendre en photo est agréable, ceux-là ne comprendront pas. Mais pour ceux qui, comme moi, se débrouillent toujours pour être derrière l'appareil photo, c'est une épreuve. Si si, regardez bien la prochaine fois que vous partez en vacances avec des amis, celui qui a l'appareil photo en bandoulière tout le temps n'est pas forcément un passionné de photo, parfois il déteste juste que ce soit quelqu'un d'autre qui le porte.
En plus,  chaque comédien a son atout, et en ce qui me concerne j'ai du mal à faire des blagues quand je suis muette, immobile, un appareil braqué sur moi et dans des positions très restreintes. Si si j'ai essayé de faire mon regard "je suis drôle", mais en fait l'impression que ça donne quand on voit la photo c'est "je me fous de ta gueule sans même me fatiguer à bouger". Donc ça fait contre-emploi.
Bref, après ce grand moment, on rentre chez soi gaiement en pensant que c'était assez fun finalement. Et on montre ses photos. 
Pendant quelques mois on trouve ça cool. Et puis sans savoir pourquoi, tout d'un coup celle-ci est bizarre, celle-là ne me ressemble pas du tout, et qu'est-ce que je suis triste quand même sur toutes ces photos !? A force de les voir on se demande si on n'était pas complètement à côté de la plaque le jour du shooting (j'ai cherché un mot qui faisait plus simple et moins fashion, ça n'existe pas)...et finalement arrive le moment où l'on a envie de les refaire! Oui oui, même moi. Il faut alors se retenir de ne pas rajouter des photos inutiles à un book déjà bien plein et sous-exploité ! 

Oh mon miroir, mon beau miroir dis-moi qui est la plus belle..Youhou, miroir. Bah oui c'est à toi que je m'adresse lectrice/lecteur fidèle, tu pensais que je parlais à qui ? 
Ah d'ailleurs, vous avez peut-être envie de les voir ces photos hmmm ? Allez, c'est en libre service, vous choisissez par le clic.


Eh bien en voilà quelques unes http://audrey.faure.nawak.com/ ou encore http://www.casting.fr/AudFaure  et mon photographe sympa, c'était lui : https://www.facebook.com/afpressbook

allez, en bonus la photo que je n'ai pas le droit de mettre dans mon book car je ne regarde pas l'appareil et c'est mal.




mardi 25 juin 2013

La vérité sur les petites annonces de casting

Pourquoi tu passes pas des castings ?
RHAAAAA !! Seul le comédien lancé sur le tard connait cette phrase, entendue quelques centaines de fois dans les premiers temps de la reconversion. Car dans la tête des amis du nouveau comédien, le jour où il/elle annonce le changement, la conclusion est simple : il/elle (on va dire elle vu qu'on parle de moi hein ?) va passer ses journées dans des castings et sur des tournages, et la pire honte serait de le voir dans une pub, ce serait trop drôle lol.
Bah non, la réalité est toute autre. Déjà, jouer dans une pub, ça rapporte un max, et la plupart adorerait. C'est pas hyper gratifiant bien sûr, mais quand même c'est jouer et en même temps se mettre un peu à l'abri financièrement, pas dégueu quoi. Voilà pour le point de détail.
Ensuite, les castings....ah les castings...Quand on débarque dans cet univers-là, c'est, comment dire, la jungle d'Amazonie et le désert de Gobie en même temps. Ca a l'air plein et en fait c'est relativement vide. Parce que, évidemment, quand on commence et qu'on ne connait personne ou presque, on fait comme d'habitude, on tape sur internet. Et du coup voilà ce qu'il se passe :


A priori, bonne nouvelle, il y a plein d'annonces de castings et c'est cool.
Et puis quand on creuse un peu...eh bien...comment vous dire... oh je crois que des exemples valent mieux que de longues explications. Voici les règles à respecter pour trouver ses premiers castings.

1) Parmi le grand n'importe quoi des annonces de castings, celles pour comédiens tu chercheras.



Voici les "thèmes" des castings que l'on retrouve partout. Bien sûr il y a le cinéma, la mode, la TV, la Radio et la scène... MAIS SURTOUT on propose des taffs d'hôtesses, des publics d'émissions, castings "divers" (parce que jusqu'à présent ce n'est pas divers bien sûr). Et puis parmi tout ça on catégorise encore : enfants, séniors, parfois bébés...
Je vous jure, on a l'impression que les comédiens ça sert à tout sauf à jouer la comédie.












2) Une particularité tu auras et la vendre au bon moment tu sauras

Parce que les annonces "cherche comédienne 25-30 ans, sympa, pas mannequin mais normalement jolie, qui joue juste et en profondeur", ça n'existe pas, mais alors vraiment pas. Bien sûr il y a des filles comme ça partout, et j'imagine qu'il y en a tellement qu'il n'est pas besoin de passer des annonces pour les trouver, on a qu'à se pencher pour les ramasser comme on dit (et les ramasser à la petite cuillère à mon avis, mais bon). En revanche, des mamies italiennes unijambistes, c'est plus rare, du coup pour ELLES on peut trouver une annonce. ATTENTION, il n'y en aura qu'une et ce jour-là, chère mama unijambista, il faudra vous jeter dessus.
Bon, ok, j'exagère un poil, mais franchement, c'est à vous dégoûter d'avoir 28 ans et de ne pas être anorexique, et d'origine typiquement drômoise ardéchoise jusqu'à presque 10 générations...





3) D'une minorité tu seras issue

Blanche et brune. Le cocktail tout pourri. Le truc qui sert à rien. Si la comédienne brune à la peau blanche était un chien, ce serait le batard qu'on trouve sur les chantiers et qui vous suit partout parce qu'on n'avait pas vraiment besoin de lui dans sa dernière famille.
L'époque est à la di-ver-si-té. Tous les films sont des pubs Benetton
Fille de l'est, asiatique, black, indienne, vive les différences. Sur le principe je trouve ça plutôt cool et j'ai toujours été à fond diversité, mais là...je dois bien admettre que ça s'est retourné contre moi. Bon, il faut bien en passer par là pour que les asiat' ou les blacks soient enfin les premiers rôles, alors ok je ne la ramène pas trop sur le sujet.
Mais ils pourraient au moins faire semblant de chercher des comédiens, et pas seulement des couleurs de peau ou des mecs de la banlieue ouaich vénér'




4) Mineur(e) tu seras

C'est vrai que les séniors sont très demandés, mais jamais autant que les mineurs. Les jeunes, ados, préados, postados, enfants, bébés, petites filles, garçonnets. J'aurais du commencer ma carrière à 5 ans en fait. J'aurais peut-être été traumatisée mais au moins j'aurais commencé à faire ma place quand il en était encore temps. 
Du coup mon prochain créneau ce sera après 50 ans je pense. C'est ma faute après tout, j'ai voulu devenir jeune comédienne sur le tard, je serai certainement une super vieille comédienne !! 


L'annonce précisait "mettre dans l'objet du mail ENFANT ROND" c'est beau de vendre ses enfants comme ça non ?

5) Travailler sans salaire tu accepteras

Finalement, il y a plein de gens qui font du théâtre pour leur plaisir et qui paient pour ça. On ne va quand même pas payer des gens pour faire quelque chose qui leur plait si ? Et ils sont tellement nombreux les comédiens, et si on leur proposer de jouer gratuitement pour se faire des images...hein ? 

Le raisonnement se tient parfaitement. La preuve, je l'ai moi-même et je ne suis pas la moitié d'une abrutie. Quoi quoi, je me la pète un peu oui, et alors ? encore heureux que j'arrive à me trouver des qualités après avoir réalisé que je n'avais rien de la blonde ukrainienne, ni de la belle métisse, pas vraiment bilingue roumaine et loin de la femme fatale de quarante ans. Laissez-moi au moins ça !
Allez va, je vais répéter mon texte pour un court métrage étudiant ;-) tcho

lundi 3 juin 2013

En haut de l'affiche ok, mais laquelle ?! (petit coup de gueule)

Non non, ce n'est pas un ras le bol contre la pluie, en tout cas pas cette fois, et puis ce n'est plus d'actualité pour l'instant !
Toutefois, le temps pourri a légèrement contribué à cet article. Car j'ai tout simplement passé plus de temps dans le métro, délaissant mon vélib' et l'avantage des cheveux dans le vent, des rues de Paris à la vitesse de la lumière et de mollets toujours en meilleure forme.
Et quand on attend le métro, qu'est-ce qu'on voit ? hmm ?? je vous le demande ? On voit des affiches de théâtre.
Mais attention, pour une affiche jolie, j'en ai 2 potables et 200 irregardables ! Mais pourquoi les théâtreux gardent-ils une telle affection pour le logiciel paint, les vieilles polices d'écritures, et l'absence totale d'esthétisme ? hmm ? une sorte de revendication du droit au n'importe quoi ? une envie d'être différent ? un rien à foutre généralisé ? Je veux les responsables de ce gâchis visuel !




Allez, je n'en dirai pas plus et vous invite à regarder ce tumblr : http://monfilmdanslemetro.tumblr.com 
 où vous pourrez admirer des affiches de cinéma reconverties façon affiche de théâtre. Ca fait peur, mais ce n'est pas si éloigné de la réalité !
C'est au dessinateur Boulet que l'on doit visiblement les premières expériences de transformation de belles affiches de cinéma en horrible affiches de théâtre en suivant tout simplement, comme le site cet article, les 5 commandements de l'affiche de théâtre :
RAPPEL: Les cinq commandements esthétiques de l'affiche de théâtre :
  1. Tu n'auras pas droit à l'originalité,
  2. Tu ne feras pas de dépenses superflues,
  3. Tu n'utiliseras pas les technologies du 21ème siècle,
  4. Pense à créer ton fichier sous Paint,
  5. Honore les typographies Arial et Comic Sans MS



mercredi 29 mai 2013

(Petit) exemple de proposition théâtrale

Ca commence par une bonne nouvelle.
L'email non lu qui ressort sur l'écran et dont le titre est prometteur : "projet juillet". L'expéditeur dudit email ne fait pas partie de mes amis...cela pourrait donc être une proposition professionnelle !
Ô Joie, Ô espoir, Ô jeunesse épanouie.
J'entame la lecture du message et mes espoirs se confirment "Bonjour Audrey, j'ai gardé tes coordonnées de comédienne, je vais monté un spectacle autour de...blablabla...je cherche une comédienne..blablabla".
D'abord bien sûr je souris, normal, fière de moi, "enfin ça bouge". J'essaie de ne pas penser à la faute d'orthographe et à la signature, Pat', qui commencent à me chatouiller les narines comme l'odeur de la tarte qui a bel et bien brûlé mais dont tu veux te convaincre que c'est "normal, c'est juste bien cuit". Je SENS que c'est louche. Je CRAINS le branquignole. Ma joie dure 3 secondes, la méfiance arrive très vite.
Les indices sont infimes mais nombreux, à part le nom et l'adresse email, il y a les doubles virgules entre chaque phrase, aucun retour à la ligne, pas une seule majuscule et 6 fautes d'orthographe sur 3 lignes.
Mais je ne peux pas faire ma difficile, je ne suis qu'une petite comédienne, tout est bon à prendre. Et je connais des gens très bien qui font des fautes d'orthographe et qui ne savent pas écrire un mail d'abord.
Ultime vérification, googliser le personnage.
Après avoir cherché "Pat" un certain temps sur internet, j'ai trouvé, comme je le craignais :
- un skyblog (comprenez un blog skyrock), très kitsch,
- des liens vers des pièces de théâtre qui ont été jouées mais on ne sait pas quand ni où ni vraiment de quoi il s'agissait,
- une photo d'un personnage peu ragoutant...

Malgré tout, je me suis décidée à composer ce fameux numéro de téléphone portable pour en parler de vive voix avec Pat...
Oh la bonne idée que voilà.
Ah mon grand regret, il répond, et commence un exercice très surprenant pour moi, où il s'agit d'être polie et surtout de ne pas rire tellement la situation est caricaturale.

A priori sympathique, le monsieur s'enflamme assez rapidement "déjà est-ce que vous connaissez ce théâtre hein ? parce que c'est associatif et expérimental, alors forcément vous ne seriez pas payée et il faut être vraiment très très motivée". Je bafouille : ah euh d'accord mais si le texte est vraiment intéressant cela peut être une opportunité.
- Vous connaissez Baudelaire ?
- Oui, un peu, je l'ai étudié j'aimais bien mais ça fait longtemps,
- Parce que l'idée c'est une sorte de lecture mise en scène qui raconte sa vie, et il faut vraiment être passionnée par le personnage, et je jouerai aussi, je suis aussi comédien, mais en tant que metteur en scène j'ai du caractère je vous préviens je m'emporte parfois,
- ah...
- Bref, comme je connais un peu le directeur du théâtre, il me laisse monter un spectacle. J'en ai monté un il n'y a pas longtemps mais on a du l'arrêter au bout de quelques dates, il n'y avait personne.
- ...aahh...
- il faut avoir bien conscience que souvent il n'y a pas grand monde dans ce lieu.
- ...ok... (qu'est-ce que tu veux que je te dise ?!!??)
- mais attention il faut être disponible en juillet et août, et comme ce sont des cycles de 4 mois ça peut durer jusqu'à décembre
-... (dans ma tête je fais le calcul et je trouve que ça fait long 4 mois de juillet à décembre)
- donc si vous partez un mois c'est pas la peine.
- ...(je peux raccrocher là ?)
- Vous avez quel âge ?
- Hmm ? (il me réveille) 28 ans.
- Et vous êtes jolie ?
- ( -_- ) euh oui normale quoi,
- Non je vous demande ça mais il faudrait voir ce qui se dégage de vous, parce qu'il est beaucoup question de la sensualité et du corps de la femme et je pense qu'il serait intéressant de montrer cet aspect dans la mise en scène,
- laisse-moi deviner
- Peut-être avec des scènes nues ou au moins seins nus,
- Ohh quelle surprise, je n'avais pas compris... ah.
- Mais je n'oblige personne bien sûr, je ne vous forcerai pas gnhihihi
- et tu trouves ça drôle ??!!
- Ecoutez, vu que je ne suis pas une fan absolue de l'auteur je vais réfléchir et ...
- Oui et parlez-en autour de vous, et envoyez-moi vos photos pour que...

La communication est coupée.

J'attends qu'il me rappelle en regardant mon téléphone de très loin, puis j'hésite à le rappeler. Mais mes bonnes manières bien ancrées (une saleté ça, pour se défaire de ses bonnes manières je vous raconte pas le chemin) m'obligent à terminer la conversation en bonne et due forme.
J'appelle, répondeur, la musique d'X-files retentit et déclenche un frisson d'horreur qui me parcourt tout le corps. Je ne laisse pas de message. J'hésite entre le rire et les larmes.
Ca va être long de devenir comédienne...très long...mais au moins je ne risque pas de m'ennuyer !

http://www.youtube.com/watch?v=OUIJrjGEj2I 

lundi 27 mai 2013

(Petit) conseil : 39 marches, au théâtre

c'est comme 39 marches au cinéma, mais en plus fun encore.

ALORS POURQUOI ? me direz-vous, oui pourquoi déroger à ma règle de parler pour ne rien dire de mes états d'âme et faire une critique théâtrale. Hein ? Eh bien d'abord parce que ce n'est pas une critique, mais bien un appel du coeur. Et na.
Ensuite, ce spectacle tourne depuis des années, mais je suis persuadée qu'il continuera à exister, sera repris, réinventé, bref que vous aurez l'occasion d'aller le voir.
Enfin, je ne peux pas rater l'opportunité de faire, par ce spectacle, le lien entre improvisation et théâtre, disons plus classique.

Au fait, c'est de cette pièce-là que je parle :

http://www.theatrelabruyere.com/spectacles/39_marches2.php
http://www.billetreduc.com/88709/evt.htm

Ne me demandez pas d'expliquer simplement l'histoire, je n'y arriverai pas. Je peux l'expliquer de façon compliquée en revanche ! 
Alors c'est l'histoire d'un homme, bourgeois anglais, à Londres. Enfin, au début il est à Londres et après il se retrouve mêlé à une histoire d'espions allemands, accusé de meurtre et je vous en passe. On part en écosse, il y a un train, des effets spéciaux, une histoire d'amour improbable et des amitiés étranges. 
Ce qui est fou dans cette pièce, c'est qu'ils sont 4 et pourtant il y a - d'après ce que j'ai lu, je n'ai pas compté personnellement - 150 personnages dans le spectacle. Je vous épargne la division, ça veut dire qu'ils font chacun 37,5 personnages. Ca c'est la performance qui épate. Hmmmm...Après réflexion, le personnage principal reste toujours le même -_- hmmmm... La performance est encore plus épatante ! 
A part ça il ya l'univers, les effets spéciaux et l'énergie incroyable qui nous fait voyager et terriblement rire pendant le spectacle. Pour vous qui connaissez un peu l'improvisation (ceux qui ne connaissent pas sont aimablement priés de venir me voir jouer un de ces 4 https://www.facebook.com/lacompagnieOnOff?fref=ts ou au moins d'aller voir le dernier spectacle de mon ancienne troupe adorée http://www.billetreduc.com/77981/evt.htm). Pardon, je n'ai pas l'habitude de faire de la pub et je me perds un peu dans mes structures de phrases. 
Pour VOUS qui connaissez l'impro, disais-je, vous aurez remarqué comment l'impro permet de créer des univers, des lieux, des ambiances, tout ça avec trois fois rien : les bouches des comédiens et du mime. Là c'est pareil, les effets sont simples et intelligents, bien trouvés, drôles aussi, et les meilleurs outils de l'impro ont été utilisés au service de la pièce. 
On voyage donc avec les acteurs, à toute vitesse, à travers l'Angleterre, le temps et l'univers d'Hitchcock.

J'hésite à vous parler de la seule petite réserve que j'ai...Bon, allez soyons honnêtes. Le seul défaut, selon moi, est malheureusement celui que l'on retrouve trop souvent en impro : à force de vouloir faire rire, Eric Metayer prend beaucoup de place, parfois trop par rapport à l'histoire. Eh oui, c'est le défaut de l'improvisateur qui veut briller et qui se laisse griser par les rires du public, au détriment de l'histoire que lui et ses camarades construisent. Mais là c'est du débat d'expert (si je puis me permettre).

Je n'en dirai pas plus, je vous laisse juger par vous-même, si vous aimez l'impro, vous allez aimer et renouer avec un théâtre plus habituel, si vous aimez le théâtre, cela devrait vous donner envie d'aller voir de l'impro. 
Si vous voulez en parler après, je suis là sur le blog, et là aussi tiens !

Allez, @ +

PS : vous avez été nombreux à réclamer la suite du dernier post, soit un tutorial pour mentir sur son cv. C'était une blague, je pensais que tout le monde savais faire, comme ce n'est pas le cas je vais vous aider bientôt, promis. Restez connectés !



jeudi 23 mai 2013

(Petit) Tuto' pour se lever le matin


Bonjour bonjour,
Constat simple ce matin : il est difficile de se lever quand on n'a aucune contrainte. Non, franchement. On croirait pas hein ? Quand on va au bureau, on se dit "là j'ai envie de rester couchée, mais si j'avais ma journée libre, je me lèverai d'un bond de cabri, je prendrai une douche revigorante, et je filerai découvrir le monde/prendrai un bon bouquin à lire dans un café/irai au ciné" etc...
Bon, en vrai ça se passe pas comme ça. On fait ça le premier jour, et au bout d'un certain temps on traiiiine. La douche arrive de plus en plus tard, le café du matin se transforme en 10 cafés du matin toutes les 15min (je vous laisse faire le calcul, combien de temps dure donc le petit déjeuner ?) et il ne semble pas vraiment indispensable de s'habiller.
Pour éviter de sombrer là-dedans, ou pour en sortir, il est important de suivre un certain nombre de règles. Vous pourrez ainsi redevenir un humain comme les autres, ou presque, parce qu'on est tous uniques et que finalement personne n'est vraiment un humain comme les autres.
Et voici mon secret, mon guide de vie que je respecte presque le plus souvent possible :
- Se lever, au pire, à la troisième sonnerie de "rappel" du réveil,
- Mettre un réveil au fait,
- Prendre une douche moins d'une heure après le lever, et l'accompagner d'une super chanson qui dépote et met la pêche,
- Chercher régulièrement une nouvelle chanson qui met la pêche parce que sinon on se lasse et ça ne marche plus,
- Sortir tous les jours acheter juste ce qu'il faut pour UN petit-déjeuner, comme ça on est plus ou moins obligé de sortir tous les jours ( pour le café c'est compliqué, il faudrait jeter tous les jours le café inutilisé ou consommer une boite de café par jour...déconseillé par les médecins)
- Sourire à au moins une personne dans la journée (si vous n'avez pas eu le courage de sortir, le pigeon sur votre balcon fera l'affaire),
- Faire des séries de 5 pompes, ça sert à rien mais ça fatigue pas trop et ça donne quand même bonne conscience ( ou 10 abdos)
- Se donner une chose pas sympa à faire dans la journée, la noter sur une liste au milieu de trucs un peu plus cool, et la rayer joyeusement en chantant "ça c'est fait lalalalalélélélé", la rayer une fois qu'elle a été faite bien sûr,
- Trouver une bonne raison de sortir de chez soi, et sortir même 10 minutes,
- Si vous vivez seul, chanter sous votre douche vous permettra de vérifier que vos cordes vocales fonctionnent,
- Un carré de chocolat par jour est conseillé, une tablette les jours de crise,
- Trouver une alternative à la bière ou au café, qui, certes permet de socialiser le soir venu, mais mènent droit à la bedaine et l'infarctus (ceux qui parviendront à le remplacer par menthe à l'eau et verveine seront bienheureux...ou dépressifs s'ils aiment vraiment la bière et le café et que ça leur coûte).

Et voilà mes petits conseils du jour.
Demain, tutoriel pour apprendre à mentir sur son cv !

jeudi 16 mai 2013

L'âge du comédien (petite égratignure à l'égo)

Aïe, ouïe, aouch....ça fait mal ouuuhlalalala ça fait mal.
Comme quand on se cogne l'orteil sur le bord de la table, tout pareil. Sur le coup le corps est traversé par un frisson de douleur, et en même temps on sait très bien que dans 1 minute ça sera passé.
Non je ne suis pas en train de raconter mes exploits du petit-déjeuner, mais bien la douleur insoupçonnée que peut engendrer parfois le métier de comédien.
Cette méchante pique - mais en est-ce vraiment une ?- je l'ai reçue il y a quelques jours en ouvrant mes mails.

Titre du mail : Tournage - Ma réaction : miam cool ça déchire

Premières lignes : blablablacourtmétrageblablablapenséàvousblablablaserencontrer - Ma réaction : trop bieeeeen ça déchiiiiire

Instant dramatique du mail : "pour jouer le rôle de la mère de famille"... Ma réaction : -_- 

J'avais oublié, j'avais complètement oublié que les jeunes comédiennes ont moins de 25 ans. Oui, à  28 ans je suis une "mère de famille" en puissance. 
Alors, passée la petite vexation du début, la question est : est-ce que c'est si grave ? Non, bien sûr que non. 
Dans la mesure où cela est un minimum réaliste (voire même si cela ne l'est pas), à mon humble avis les comédiens sont là pour interpréter tous les rôles, sans distinction. Nous devons pouvoir nous glisser dans la peau de n'importe qui et c'est ça justement qui est fun, avoir mille vies en une !! 


Enfin, hors philosophie de comptoir, je n'oublie quand même pas qu'une bande de gamins en école de cinéma considère que j'ai le profil et le physique d'une mère de famille, je laisse encore une fois de côté mon ressentiment pour me rappeler tous les préjugés, les images et les idées que j'avais à 20 ans. Et je dois admettre que j'aurais très certainement considéré à l'époque que le physique d'une fille de 28/30 ans est assez proche de celui d'une femme de 35/40 ans... 
Je n'ai pas 30 ans et ils m'obligent déjà à être indulgente vis à vis des jeunes, petits cons va.


NB : à partir du prochain post, tous mes titres seront au féminin, c'est comme ça, ça changera un peu.

Nécessité des (petites) vacances de l’artiste-chômeur, à Istanbul si possible tant qu’à faire



Je plaide coupable. Oui, c’est vrai. Je suis inscrite au chômage et pourtant je suis partie en vacances. Oh, pas longtemps, 10 jours, mais quand même je sais, c’est mal.
D’autant plus que je ne suis pas seulement au chômage, je ne cherche pas un vrai travail en plus. Je cherche du travail d’artiste.
Oui c’est bien ça, vous m’avez comprise, même quand je bosse je ne fais rien de productif et c’est encore trop pour moi il faut que je prenne des vacances. EH BIEN OUI ET CA FAIT DU BIEN !
Enfin, je veux dire : oui ça fait du bien mais non je ne vois pas ça de cette manière.

Je sais, je caricature, personne ne m’a accusée de rien mais quand même j’ai envie d’expliquer. Oui j’ai envie, alors je vais expliquer que vous le vouliez ou non, de toute façon je m’en fiche c’est moi qui décide, si vous êtes pas content vous connaissez la sortie (non pas par là, ça c’est un clic placard, là c’est le clic toilettes…la sortie c’est par  )
Par le fait de prendre des vacances d’abord, par le fait de les prendre à Istanbul ensuite, j’ai réalisé que non seulement la création et la liberté sont bien plus fatigantes et prenantes que je ne voulais l’admettre ; mais aussi que la création a besoin de vide.

De ce que j’ai vu jusqu’à présent, l’artiste est comme tout employé de bureau qui se respecte : débordé.
Alors bien sûr, hein, difficile de savoir qui l’est vraiment et qui fait semblant au point de s’en être convaincu. Car oui, c’est bien d’être débordé, c’est bien d’en faire beaucoup, d’en faire trop. Imaginez le manque de sexitude de quelqu’un qui « non, n’a rien de particulier à faire en ce moment, pas vraiment de projet et du temps pour lui »… OUI la société va le juger, c’est un GLANDEUR. Et ça c’est naze, même pour un artiste.
Alors tout le monde fait plein de trucs, ou a plein d’idées, ou cherche plein d’idées. Résultat, même s’il est difficile de montrer le résultat concret de ces journées de labeur créatrice, à la fin, on est crevé. Parce que chercher une idée, ça se fait aussi bien à 15h devant un ordinateur, qu’à 8h du matin sous la douche (hum…bon ok…9h) ou dans le métro, du lundi au dimanche.
Il est très très (j’insiste) très difficile de lâcher son envie d’avoir des idées géniales et sa culpabilité de ne pas en avoir. Et pour cela, il n’y a qu’un moyen : les vacances, assumées, éloignées si possible et accompagnée c’est encore mieux.
Au début ce n’est pas complètement agréable et la petite voix a du mal à se taire, cette petite voix qui dit que ce petit coin d’ombre serait parfait pour écrire, que cet après-midi inoccupé pourrait être mis à profit par un envoie de mails ou l’étude d’un scénario, que cette jupe ne permet pas d’avoir son petit carnet dans la poche et que c’est contre-productif (alors qu’en vrai je ne l’ai jamais à la main quand je devrais ce fameux petit carnet). Et puis bon…au bout d’un moment, elle s’endort avec les cigales et nous fout la paix.
Et bizarrement, c’est quand cette petite voix STRESSANTE s’est éteinte que l’envie revient ! L’envie d’écrire, de vivre, de rire, de jouer….pour le plaisir.

Et ce plaisir, où c’est que c’est que je l’ai retrouvé ? A Istanbul messieurs dames, tout simplement. Oooh je ne dis pas que je n’aurais pas pu le trouver ailleurs, mais voilà, Istanbul a quelque chose de spécial. Quelque chose de très agréable que j’ai connu il y a longtemps et que j’ai retrouvé parfois dans mes voyages, mais dont Paris est absolument dépourvue.
Je parle de la possibilité et du plaisir assumé de ne rien faire, au vu et au su de tous, dans la rue, d’être là, tout simplement.
La flânerie est un art qui s’est perdu et c’est bien dommage. Mais surtout, c’est un art difficile et qui n’est pas accessible à tout le monde.
Le vide, le silence, l'oisiveté.
On connaît tous quelqu’un qui ne supporte pas le silence, et c’est terrible. Ces personnes là nous empêchent de rêver entre deux phrases, de respirer en observant la rue, de savourer une pensée qui s’échappe. Il faut absolument qu’elles comblent un silence plein en parlant pour ne rien dire…

Bref, flâner dans Istanbul c’est cela, savourer un moment de vie dans la rue, ne rien faire avec plaisir. Et vu que tout le monde le fait, on en profite d’autant mieux !


C’est le souvenir que je garderai d’Istanbul. Sainte Sophie est incroyable, la mosquée bleue littéralement à couper le souffle, le palais de Topkapi et le souvenir des sultans qui régnaient sur Constantinople impressionnant.



Mais cette ambiance, cette ambiance, la simplicité et la gentillesse des turcs qui boivent du thé à toute heure en regardant leur ville, les petites tables où traine un backgammon, la musique, le chant du muezzin, les chats et les chiens qui se promènent sans que personne ne s’en inquiète et ne les dérange. Tout cela caressé par le vent iodé du Bosphore. A la croisée des continents et des cultures, la modernité a su se faire une place sans déranger les traditions et sans imposer sa vitesse. Seuls les touristes à Sultanahmet semblent courir.

© Diego FUNARO (je ne vais pas mentir, c'est juste pour illustrer ça n'a rien à voir avec Istanbul )

Je suis revenue reposée avec l’envie de faire, d’être dans l’action, mais je sais que quand l’inspiration manquera, plutôt que de la chercher, il faudra l’attendre en flânant, en lisant et en vivant.
Vive les 35 heures, vive la sieste au travail, vive le silence et vive l’inaction !

( De toute façon, on est toujours rattrapé par ses activités :
 oui c'est bien le Bourgeois Gentilhomme)

mardi 30 avril 2013

On va vous recevoir (dans une petite minute)


AAAAHHH, que serait la vie sans un petit passage au Paul en poils ? je vous le demande ! Et je vous réponds, parce qu’on n’a pas de temps à perdre. Eh bien la vie sans le Pôle Emploi, c’est un peu comme un été sans nuage, une victoire sans combat, une princesse sans dragon : sur le principe ce serait l’idéal, mais finalement c’est tellement plus intéressant avec ! Cela permet le suspense, l’attente, l’angoisse, tant de souffrances nécessaires qui rendent savoureuse la récompense !
« A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » comme dirait l’autre (mais si, l’autre là). Enfin, je ne sais pas si ces gens qui faisaient la queue au Paul M’Ploi cherchaient la gloire, en tout cas, le péril ils le voient de près.
Souhaitant être éPôlée dans ma quête administrative pour un changement de statut, je me suis rendue, ce jour, en une antenne proche. Bien m’en prit d’y aller tôt ; l’attente fut réduite pour exposer mon problème. Le lieu était alors calme, presque serein, une vraie administration, où ça va doucement mais avec le sourire. L’aventure commence à partir de mon point d’interrogation et de la réponse franche et amicale :
- Y’a-t-il une démarche spécifique lorsque l’on est auto-entrepreneur ?
- Oui. Votre identifiant s’il vous plaît ? (mais je ne suis paaas un numéroooo) Très bien, asseyez-vous on va vous recevoir.

Et…BOUM c’est parti pour plus d’une heure d’observation de spécimens chômeurs de toute sorte. Oui, parce qu’a priori ils n’ont rien en commun : jeunes, vieux, hommes, femmes, clairs, cafés au lait, franchement noirs, jolie blonde, gros brun, apprêté ou franchement négligé, de tout je vous dis. Le seul dénominateur commun, c’est que pas un seul n’a l’air vraiment ravi d’être là. Superbe échantillon pour un comédien qui bosse sur l’émotion, voici donc tous les degrés de la tristesse qui font la queue devant ce petit comptoir : on part du carrément dépressif et désespéré, on passe par le type pour qui tout va ni bien ni mal normalement, et qui là commence à être inquiet, puis voici une jeune fille bien propre sur elle, visiblement agacée et un peu honteuse va savoir pourquoi, et enfin l’habitué, le blasé, écouteurs dans les oreilles, livre à la main, il n’attend visiblement pas grand chose de son passage ici, mais il a l'habitude. Il serait sans doute intéressant de comparer le nombre de jours de chômage de tous ces braves gens avec la tronche qu’ils font en arrivant ici.
Bref, mon esprit divague mais en gros voilà ce que j’ai pu observer dans ce microcosme :
- la mode est visiblement aux ballerines,
- 2 personnes se sont battues pour un ordinateur,
- j’ai vu une vingtaine de personnes attendre, poser une question, et repartir (la faute aux "gens" pas doués ou au site mal fait ?)
- une dame cherchait un studio à louer,
- mais en fait c’était la même dame qui voulait se battre pour défendre son écran, elle cherchait visiblement un studio à louer sur le site Pole Emploi,
- une autre dame, d’un certain âge, veste rouge molletonnée en velours et jupe longue léopard bleu, a essayé tous les ordinateurs, espérant sans doute trouver des annonces différentes à chaque fois,
- encore ces visages tendus, fermés, inquiets,
- les cheveux gras c’est quand même moche,
- mais bon sang qu’est-ce qu’ils foutent avec ces photocopies ? Les portes s’ouvrent, les conseillers en sortent, des photocopies de pièce d’identité à la main, et vont d’un pas assuré dans un autre bureau, et rentrent, et sortent…
- un monsieur est énervé depuis qu’il est entré, ça se voit, il piétine et s’énerve lorsque l’on s’occupe de lui, un autre est arrivé serein et s’énerve une fois devant la conseillère, au moins il s’est économisé 15min de piétinement nerveux.

Et enfin, ce petit bout de conversation entre deux conseillères :
- pourquoi y’a autant de monde là ?
- j’sais pas, sûrement parce que c’est les vacances demain (ndlr : mouais si vous le dites)
- (dans un soupir) Eh ben en tout cas, nous, on chôme pas.

Allez, je vous épargne les bribes d’entretien entendues de-ci de-là pendant que je regardais la gentille demoiselle cliquer partout sur mon dossier, mais sachez juste que le fait d’avoir 25 ans et de savoir nager peut visiblement vous ouvrir les portes de l’emploi !

Enfin, quelle ne fut pas ma surprise, en sortant de mon rendez-vous, de trouver le hall archi-plein, la queue débordant de toute part, je partis ils étaient pas cinq cents et par un sale renfort, je les vis bien trois mille en arrivant dehors !

Lieu d’observation idéal de l’espèce humaine, triste rencontre avec un contexte économique pourri, je vous conseille le Pôle Emploi pour vos sorties scolaires et vos études sociologiques. Allez-y ça vaut le coup, de mon côté je n’y vais pas plus d’une fois par trimestre, il me faut des jours pour me remettre de toute cette tristesse.

Va, je ne te hais point cher Pôle, et j’ai besoin de toi…

(et visiblement je ne suis pas la seule  )

Les dessins ci-dessous expriment précisément mon aventure, et viennent de ce blog :
http://mabananeetblablabla.com/2012/01/16/pole-emploi-mon-amour/